La semaine dernière, nous avons appris que le patron d’Eskom (l’EdF
sud-africaine), Jacob Maroga, venait d’être augmenté de 27%, soit trois fois ce
qu’Eskom vient d’accorder à ses salariés.

Jacob Maroga a déclaré qu’il n’avait pas sollicité cette
augmentation (et donc, il ne la refuse pas) et qu’il n’avait rien à ajouter, sinon que c’était une décision de
Comité de Direction d’Eskom. Il a également affirmé que les chiffres donnés par
la presse n’étaient pas vrais, mais il a coupé court à toute explication quand
on lui a demandé de s’expliquer.

En effet, les employés d’Eskom ont obtenu, le mois dernier
(août) une augmentation de 10,55% 
alors que le syndicat NUM, qui représente 16.000 employés d’Eskom, avait
demandé 14%. Eskom avait cédé pour éviter une grève.

NUM a qualifié cette augmentation d’indécente :
« nous sommes extrêmement choqués : quand nous avons demandé une
augmentation salariale, la direction nous a répondu qu’Eskom n’avait pas
d’argent (on dit même qu’Eskom est en déficit de 10 milliards de rands) ;
cette augmentation du PdG montre l’indécence des dirigeants de notre
pays ; nous en discuterons au Comité Directeur du NUM pour envisager les
ripostes possibles ».

Le rapport annuel d’Eskom indique que le salaire du patron
d’Eskom est passé de 3,914 millions de rands (370.000€) en 2008 à 4,93
millions de rands (480.000€) cette année. De plus il a reçu une prime de
681.446 rands (65.000€) et devrait en recevoir une autre en 2011.

En comparaison, un employé « lambda » d’Eskom
touche, environ, 46.000 rands (4.400€) par an (100 fois moins, ou 370€ par mois).

DA, le parti d’opposition, a déclaré que cette augmentation
n’était absolument pas justifiée. Helen Zille, leader de l’opposition considère cette
augmentation comme « une paire de claque » envers les consommateurs qui
doivent se serrer la ceinture car ils viennent de subir récemment une augmentation des
tarifs d’Eskom de 34% (je confirme, j’ai reçu ma dernière facture) et qu’une autre augmentation est prévue en
avril prochain.

Helen Zille suggère que le patron d’Eskom aurait du, au
moins, ne demander qu’une augmentation de 10,55%, comme ses employés. Interrogé, le porte parole d’Eskom a refusé de répondre à
ces critiques.

Keanvo, Sean

Les Associations de taxis (Mini-bus que j’appelle taxis de la mort) de Gauteng ont
décidé une fois encore d’empêcher la mise à exécution du nouveau système BRT (système
de bus rapide) qui, selon eux, mettra des milliers de travailleurs au
chômage.
Pour ce faire, ils ont engagé une action en justice contre les
autorités pour les contraindre à de plus amples négociations avec leur secteur
avant que les bus rapides ne circulent. En plus de ce recours en justice, un
bon nombre d’entre eux ont annoncé qu’ils utiliseront la force (n’oublions pas que lors de la dernière manifestation, il y a eu quelques morts, quand même !) pour empêcher
ces bus de rouler si le gouvernement refuse de leur trouver une voie de sortie.

Le gouverneur de la province de Gauteng, qui regroupe
Johannesburg et Pretoria, a déclaré que rien n’empêchera la mise à exécution du
BRT : ni les recours en justice, ni aucune intimidation.
Car le BRT est
censé redorer le blason du transport public dans la Province, et ceci en
prélude à la Coupe du monde de Football de 2010.
Il faut savoir que « le secteur des taxis est l’une des
plus importantes parties de l’économie du pays » qui est quasiment
contrôlé par les noirs depuis le temps de l’apartheid.
Mais parce qu’opérant comme une vraie mafia, dont un certain nombre de dirigeants sont membres de la pègre sud-africaine, mais aussi et surtout parce que cette industrie fonctionne encore et toujours dans l’informel et a vraiment peu d’égards vis-à-vis du client et du code de la route, le gouvernement a décidé d’offrir une autre alternative en matière de transport au sud-Africains.

Mais pour en arriver là, il semble que l’affrontement entre
syndicats et gouvernement soit presque inévitable. So wait and see.

Ah, juste pour info, il y a aussi une mini-rebellion : des soldats illégalement manifesté. Ils ont été dispersés par
la police ! Résultat, 1000 d’entre d’eux ont été virés !

Je reviens sur l’actualité du BRT.
Je vous avais dit que les réactions pourraient être
violentes. Dans la nuit de mardi à mercredi, un policier et un passager d’un BRT
ont été blessés quand les occupants d’un taxi (de la mort) ont ouvert le feu
sur le bus, dans Soweto. Le taxi a réussi à s’échapper (quant on voit comment
ils conduisent …). D’après la police, le nombre de personnes dans le taxi n’était
pas connu.

Le gouvernement du Gauteng a déclaré que cette action n’allait
pas arrêter la mise en place du BRT.

A ce sujet, les gens sont un peu déboussolés car il a fallu
leur expliquer que le BRT circulait suivant des horaires et qu’il ne s’arrêtait
pas n’importe où. Contrairement au taxi qui sont capables de s’arrêter 10 fois sur 50m pour prendre ses passagers.

Ah le progrès …

Kenavo, Sean.